mysterieuseinconnue

Il est parfois des rencontres qui nous plaisent, nous laissent un souvenir imperissable...
Il est parfois des rencontres qui paraissent iréelles tellement elles font appel à des souvenirs plutôt enfouis, plutôt désagréables mais finalement surtout si loin...
Un autre monde, une autre époque.
Je l'ai vu lui, depuis deux ou trois ans alors qu'on ne se cotoyait plus du tout. Lui, cet homme avec qui j'ai vécu si peu de temps, que j'avais presque oublié son existence...Damien.
Un homme qui fut finalement si peu dans mon existence que je me demande encore parfois pourquoi nous avons vécu ensemble... Quelques mois avec un rythme de vie finalement qui me convenait bien à l'époque, il animait des soirées je le suivait tous les week end.
Mis à part ceci je me demande ce qui nous reliait?
Notre vie était terne, morne, peu en adéquation avec mes aspirations, les amis que je lui faisait rencontrer n'avait rien à voir avec les amis qu'il me faisait rencontrer.
La musique que j'écoutait n'avait rien à voir avec celle qu'il écoutait, tout en nous était différent.
Pourtant notre histoire avait démarrée sur les chapeaux de roue. Il était fiancé et devait se marier, mon copain de l'époque était à l'armée , nous nous sommes rencontrés par hasard à une soirée qu'il animait et où je ne voulais pas aller. Ma soeur m'avait finalement convaincu de venir avec elle et son copain (qui était aussi le frère de Damien)...
Je ne sais pas ce qui nou a poussé dans les bras l'un de l'autre, son regard sans doute m'a fait chavirer à un moment où je me sentais seule, où mon copain n'était pas avec moi depuis plusieurs mois cahotiques...
Nous nous sommes embrassés, nous nous sommes revus, tous ensemble, puis tous les deux : des étreintes où l'interdit forcément excitait nos rencontres...
Des moments teintés de secrets, de non dits, d'endroits cachés, de peur excitante!
Finalement n'était ce pas ce qui me plaisait dans cette rencontre?
Puis son amie l'a quitté, j'allais le voir chez lui. Puis j'ai avoué cette relation à mon copain et je l'ai quitté, ce n'était pas sain pour lui de rester ainsi...
La culpabilité m'a-t-elle poussée à aller plus loin?
Ce fut une période cahotique où sa famille à lui m'en voulait de cette rupture et le faisait payer à ma soeur... Compliqué... Il a fallu que je mette les points sur les "i".
Je cherchais un appartement , je changeais de région. Il souhaitait aussi changer d'appartement... Naturellement je lui ai proposé de venir vivre avec moi, c'était logique, simple...
La vie avec lui est vite devenue morne, sauf les week end. Son oncle s'intéressait beaucoup à moi, ça me flattait mais je ne pensait à rien d'autre.
Puis Damien a commencé à devenir jaloux, coléreux, harcelant...Et là les choses se sont gâtées, forcément!
j'ai pris quelques jours de reflexion: que voulais-je faire de ma vie, était ce bien ça que je voulais?
Et finalement n'étais-je pas capable de vivre avec quelqu'un?
Je suis revenue après une semaine au loin, sans réponses à mes questions...
Damien m'a facilité la tâche: il m'a accueilli en hurlant, m'accusant de l'avoir trompé durant ce séjour!
J'ai décidé de le quitter ce jour là, je lui ai demandé de partir.
Et là l'enfer s'est ouvert sous mes pieds... Au départ, il a joué à "celui qui boit parce qu'il déprime", puis il a ramené une fille chez moi, je hurlais, je voulais qu'il parte!
Puis il est parti et a commencé à me harceler au téléphone....
Il est venu récupérer ses affaires en me menaçant, en prenant certaines affaires à moi, j'ai du appeller mon père pour qu'il se calme...
Il m'a laissé des dettes, il me harcelait, me suivait, me menaçait. J'ai vraiment commencer à avoir peur, à devenir parano... Je rasais les murs, je ne sortais plus, j'ai rajouté un verrou à ma porte, je débranchais le téléphone, fermais ma voiture à clé quand j'étais dedans...
Je suis allée habiter chez mes parents , il venait pleurer à la porte, me supplier...
Il me suivait chez mes amis , je partais en fuyant...
J'avais peur de lui... Il me rendait folle...
J'ai changé de ville, d'appartement. Peu à peu la distance l'a rendu lointain et il a fini par me laisser....
J'ai gardé très longtemps en moi cette peur. Il ne m'a jamais touché mais j'ai ressenti si fort sa violence. Cette volonté qu'il avait de me réduire à l'état de chose, sa chose. Cette violence morale, psychologique que j'ai subi m'a marqué pendant longtemps. Sa voix me faisait trembler, si je le croisait je sursautais s'il je ne l'avait pas vu avant. Je comprend maintenant ce que peuvent ressentir les femmes battues...
 Je l'ai donc revu il y a quelques jours et surtout il est venu me parler... J'ai cru m'étouffer !
Il me disait qu'avec sa femme ça n'allait plus, qu'il regrettait ce qui c'était passé entre nous, Qu'il m'aimait encore....
J'avais envie de vomir!
Comment peut-on être à ce point sans état dâme? Non mais je rêve! Je lui ai bien rappellé que tout cela était très loin et qu'il m'avait fait beaucoup de mal, mais que diire de plus?
De toute façon quel intérêt pour moi de tenter quoi que ce soit d'explication avec quelqu'un comme ça? Ma vie est ailleurs, ma vie est toute autre et je n'ai plus peur de lui, et surtout je ne ressents strictement rien pour lui.



Le passé est mort.

Il m'a appellé hier ... Plusieurs fois chez moi, sur mon portable... J'ai écouté son message et j'ai senti à sa voix que quelque chose n'allait pas.
Je l'ai rappellé.
Il ne va pas bien. Il dort hors du domicile conjugual depuis 3 nuits. Il rentre le matin pour amener ses filles à l'école. Cette fois la rupture semble entamée...
Sommes nous donc dans une répétition de situation?
Etrangement ceci me ramène à 15 ans en arrière... Je venais de me séparer de Clovis, j'avais une aventure avec Sliman et je l'ai rencontré lui, Oualid.
Rapidement nous sommes devenus amants. Il était en pleine séparation avec sa femme.
Nous étions deux coeurs solitaires à la dérive et nous avons baigné nos corps dans une atmosphère très sensuelle dès le départ. Je crois que l'amour que nous faisions était très chaud, très sexuel et très tendre aussi.
Caché car forcément il ne voulais pas que sa femme sache, car de mon côté je tenais à Sliman.
Sliman qui n'aurais pas compris cette double aventure... Sliman que j'ai quitté bien plus tard quand son amour est devenu blessure.
Je vivais une période très équilibrée: en fonction de mes humeurs j'allais de l'un à l'autre. Oualid connaissait Sliman et mon histoire, ce qui facilitait bien sur les choses.
Je crois que ce fut une des périodes les plus belles de ma vie.
Tout était léger, délicieux. J'avais 25 ans et la vie devant moi, deux hommes m'aimaient et me le montrait, rivalisant d'ingéniosité. Je virevoltais de l'un à l'autre sans arrière pensées et ma vie s'égrennait joyeusement entre leurs bras.
Sliman, 25 ans, conventionnel, attachant, touchant, amoureux mais ancré dans une tradition que j'avais parfois du mal à comprendre. Jaloux, possessif, passionné...

Oualid, 35 ans. Ouvert, tolérant, romantique et avec un vécu qui me comblait parce qu'il connaissait le sens de mon passé... Amoureux aussi. Finalement je lui ai donné le courage de mettre fin à une situation avec sa femme qui ne pouvait perdurer...


Plus tard il a fallu faire un choix, je tenais trop à ma liberté. Je n'ai pas accepté ce qu'il me proposait, sans doute aussi n'étais je pas amoureuse...
La vie a fait ce qu'elle devait, j'ai déménagé et progressivement nous avons repris l'un l'autre notre vie.. Il s'est remarié, a eu 2 petites filles. De mon côté j'ai eu aussi deux petits filles, sans le mariage. Puis je me suis séparée.
De loin en loin nous nous appellions et promettions de nour revoir... Le temps passe si vite et il aurait été si incongru que nous nous présentions nos conjoints respectifs.
Le temps a filé si rapidement, jusqu'à ce qu'on se revoit l'année dernière pour ses 50 ans. Le contact fut facile, une sorte de papillonage nous ramenait l'un vers l'autre et puis... La soirée s'est terminée comme elle a commencé...
Et voici qu'aujourd'hui il me rappelle. Pourquoi moi justement?
Je sais qu'il me veut. Je sens qu'il me réclame. Je me fiche des raisons. Je ne serais dans sa vie que celle qui lui permet de vivre sa vie sans trop de douleur. Je ne serais que la femme qui lui donne sans demander en retour.Et je ne veux être que celle là.
Nous allons nous revoir. Nous allons surement faire l'amour, retrouver nos corps changés, retenter de remettre de l'ordre dans nos coeurs, nous rejoindre dans un extase qui, nous le savons, sera parfait d'harmonie et de partage.

Un père, il fut un temps où il a été mon père, mon papa.
Ce temps si lointain où rien n'était venu se glisser entre nous, aucun malentendu, aucune haine, violence ou désamour ...
Il était mon papa adoré, que je portais aux nues, celui qui m'initia à l'histoire, à la lecture, celui dont j'étais fière, celui dont j'étais la fille préférée.
Cet amour je l'ai payé au plus haut prix.
A 14 ans il a cessé d'être mon papa pour devenir au mieux mon père, mon géniteur, au pire un salaud, une immonde vermine.
Cette haine qui a grandit en moi n'est pourtant pas apparue si clairement tout de suite!
Durant mon adolescenc les conflits ses sont succédé, la violence verbale, physique. Les conflits que je m'appliquait à provoquer chaque fois qu'il ouvrait la bouche, cette violence que je tentais d'éloigner de moi , d'oublier....
J'avais 14 ans quand il a commencé à me toucher... Je n'arrive pas à me souvenir combien de temps ça a duré, je me rappelle surtout le jour où j'ai eu le courage de lui dire non.
je me rappelle la douleur, la violence qui naissait en moi, qui se retournait en moi, la noirceur qui m'a poursuivi pendant des années et tout ce que ça  impliqué dans ma vie ultérieure, tout ce qui a découlé de cette sordide expérience. Je me rappelle la honte, la douleur, la haine, le silence, le secret et la culpabilité...
Puis aussi petit à petit la douleur de ne pouvoir en parler, de voir cet homme faire comme si tout ça n'avait jamais existé, puis ensuite ses chantages au suicide si j'en parlais. Et puis aussi cette incommensurable douleur et colère contre ma mère qui n'a pas su me protéger, qui finalement a trouver son échappatoire, en sacrifiant sa fille pour ne pas avoir à se soumettre au devoir conjugual... Consciemment ou non , nous n'en avons jamais parlé et pourtant, pourtant, je me demande vraiment comment elle pu ne pas voir, ne pas sentir, ne pas se rendre compte de ce qui se passait...
j'ai grandi, j'ai pardonné ... Mais je ne supporte toujours pas qu'il me touche et lui faire la bise m'est douleur, quand il prend mes filles dans ses bras mon corps se hérisse, je le surveille, je n'ai pas confiance et si d'aventure il touchait à une de mes filles, je n'aurais aucun regret ou remord à le dénoncer, qu'il pourrisse en prison!
J'ai pardonné, mais l'aventure ne s'est jamais finie malgré une longue thérapie, un retour sur moi, un travail de très longue haleine... Après toutes ces années parfois des images me reviennnet du fond de moi même et me révulse... Je me dis qu'après tout ce temps que j'y pense encore si clairement c'est donc bien que traumatisme il y a eu, traumatisme que j'ai longtemps rejeté puisque de cette histoire je me suis relevée. Je suis une résiliente au sens où l'entend Boris Cyrulnic, j'ai pu enfin mettre des mots sur mon parcours.
Parcours cahotique qui m'amena à découvrir l'amour dans les bras d'une femme, ce qui me sauva sans doute de bien des problèmes psychologiques, sexuels et sans doute aussi du suicide.
De toute la noirceur de mon adolescence avec ces idées suicidaires, de mon attrait ensuite pour quantités de paradis artificiels, de mon rejet de toute forme d'assujettissement à un homme, je suis devenue une femme forte, libre, indépendante et sure d'elle!
Au fil de mon parcours, 26 ans déjà, j'ai grandi mais au fond de moi une jeune fille hurle toujours de douleur et d'incompréhension...
La mort de mon père y mettra t-elle un terme? J'avoue que je n'en suis pas sure...
Il m'a demandé pardon , il m'a dit qu'il ne savait pas que j'en souffrait encore, il a honte bien sur, mais jamais il ne saura au fond ce qu'il a déclencher en moi, ce qu'il a gaché entre lui et moi... Une sorte d'inconscience impudente, qui me frappe et me tourmente encore de temps à autre.
Se questionne t-il parfois sur ce qu'il a provoqué? Fait-il lui même des liens avec ce passé douloureux  qu'il traine avec lui et dont il refuse toujours de parler... J'aimerais comprendre, j'aimerais savoir, soulager peut être ce passé d'un certain poids qui reste au dessus de ma famille comme une chape de plomb...
Le  silence reste là malgré tout, le secret d'un passé honteux...
L'inceste et la douleur qu'il engendre pour des générations...