Je l'ai retrouvé lui que j'ai tant aimé à 15 ans. Lui qui m'a fait chavirer, qui m'a révelé à l'amour, le vrai.
On était au collège ensemble, en 3°. Le 1° trimestre était déjà bien entamé et je ne l'avais pas remarqué.
Un jour pourtant, je suis allé vers lui, simplement pour lui demander une feuille.
Avez vous déjà ressenti cette impression d'effacement de la réalité, la terre qui se vide de toute substance?
A cet instant, pour moi le monde s'est arrêté. Il n'y avait plus que lui, rien d'autre n'apparaissait dans mon champ de vision, lui et ses yeux immensément, profondément bleus. Ses yeux qui ne
voyaient que moi.
J'ai eu cette sensation étrange que le temps s'arrêtait, combien de temps suis je restée suspendu à son regard? Combien de temps nos âmes se sont elles parlées? Sans doute quelques secondes,
quelques petites minutes tout au plus , ses copains se seraient chargés de nous rappeller à l'ordre. Pourtant pour nous cet instant si fugace a duré une eternité, une eternité emerveillée.
Le coup de foudre , le vrai! Je l'ai ressenti me transperçant de tout mon long, me faisant ressentir des frissons si intenses, battre mon coeur comme jamais il n'avait battu...
Il n'y avait plus que nous dansant dans une même chanson connue de nous seuls, transportés à mille lieux de là, entremélés comme une seule âme.
Nous étions jeunes, nous avions la vie devant nous, la promesse d'une vie merveilleuse...
Cet instant magique ne s'est pas arrêté, chaque fois que nos regards se croisaient nos coeurs battaient à l'unisson, nos âmes se parlaient au delà des mots et des gestes. Ce fut un temps béni où
toute ma vie tournait autour de lui: un regard de lui et je chavirais, un frôlement malicieux et mon corps s'electrisait, un baiser furtif et je frissonnais de bonheur.
Il était mon âme, ma chair, ma joie de vivre.
Je planais chaque jour un peu plus haut, un peu plus loin, un peu plus longtemps...
Quand je repense à cette époque merveilleuse je me dis que je n'ai pas assez savouré ces instants où la vie est simple, limpide. Ce fut ma plus belle année au collège. Je me suis métamorphosée,
épanouie.
Mes amies, ma mère me voyaient heureuse. Et heureuse je l'étais!
Chaque instant passé près de lui, chaque moment volé , instants passagers et eternels, ont imprimés en moi le souvenir charmant d'un amour romantique, sincère et eternel.
...
Les mois ont passé, les copines ont pris du temps, ses copains aussi, nous nous sommes un peu perdu... Une copine commune a achevé de nous séparer... Quand on est si jeune, on est fragile, on est
naïf, on est à la merci d'une "garce" qui par plaisir pervers s'est arrangé pour nous éloigner. Trouver un messager relevait d'une bien pénible réalité de trahison, découverte trop tard....
L'entrée en seconde au lycée à 200 km l'un de l'autre ne pouvait pas nous permettre un retour à cet amour ô combien réél...
La suite est moins gaie... Pendant de longs mois j'ai erré comme une âme en peine, ma tristesse était tout aussi forte que l'amour que j'éprouvais... Je pleurais aussi profondément cet amour
perdu que je l'avais sublimé...
La douleur faisait déjà partie de ma vie, elle m'achevait, elle me préparait aussi à la suite.
...
25 ans plus tard nous venons de nous retrouver! Comme c'est étrange de voir son visage d'homme alors que je l'avais quitté adolescent...
Le temps des explications viendra peut être... Finalement, est ce important aujourd'hui?
Le temps a passé inexorablement, et les années collège sont loin, très loin... Une autre vie.
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