Le blog de mystérieuse inconnue

Un père, il fut un temps où il a été mon père, mon papa.
Ce temps si lointain où rien n'était venu se glisser entre nous, aucun malentendu, aucune haine, violence ou désamour ...
Il était mon papa adoré, que je portais aux nues, celui qui m'initia à l'histoire, à la lecture, celui dont j'étais fière, celui dont j'étais la fille préférée.
Cet amour je l'ai payé au plus haut prix.
A 14 ans il a cessé d'être mon papa pour devenir au mieux mon père, mon géniteur, au pire un salaud, une immonde vermine.
Cette haine qui a grandit en moi n'est pourtant pas apparue si clairement tout de suite!
Durant mon adolescenc les conflits ses sont succédé, la violence verbale, physique. Les conflits que je m'appliquait à provoquer chaque fois qu'il ouvrait la bouche, cette violence que je tentais d'éloigner de moi , d'oublier....
J'avais 14 ans quand il a commencé à me toucher... Je n'arrive pas à me souvenir combien de temps ça a duré, je me rappelle surtout le jour où j'ai eu le courage de lui dire non.
je me rappelle la douleur, la violence qui naissait en moi, qui se retournait en moi, la noirceur qui m'a poursuivi pendant des années et tout ce que ça  impliqué dans ma vie ultérieure, tout ce qui a découlé de cette sordide expérience. Je me rappelle la honte, la douleur, la haine, le silence, le secret et la culpabilité...
Puis aussi petit à petit la douleur de ne pouvoir en parler, de voir cet homme faire comme si tout ça n'avait jamais existé, puis ensuite ses chantages au suicide si j'en parlais. Et puis aussi cette incommensurable douleur et colère contre ma mère qui n'a pas su me protéger, qui finalement a trouver son échappatoire, en sacrifiant sa fille pour ne pas avoir à se soumettre au devoir conjugual... Consciemment ou non , nous n'en avons jamais parlé et pourtant, pourtant, je me demande vraiment comment elle pu ne pas voir, ne pas sentir, ne pas se rendre compte de ce qui se passait...
j'ai grandi, j'ai pardonné ... Mais je ne supporte toujours pas qu'il me touche et lui faire la bise m'est douleur, quand il prend mes filles dans ses bras mon corps se hérisse, je le surveille, je n'ai pas confiance et si d'aventure il touchait à une de mes filles, je n'aurais aucun regret ou remord à le dénoncer, qu'il pourrisse en prison!
J'ai pardonné, mais l'aventure ne s'est jamais finie malgré une longue thérapie, un retour sur moi, un travail de très longue haleine... Après toutes ces années parfois des images me reviennnet du fond de moi même et me révulse... Je me dis qu'après tout ce temps que j'y pense encore si clairement c'est donc bien que traumatisme il y a eu, traumatisme que j'ai longtemps rejeté puisque de cette histoire je me suis relevée. Je suis une résiliente au sens où l'entend Boris Cyrulnic, j'ai pu enfin mettre des mots sur mon parcours.
Parcours cahotique qui m'amena à découvrir l'amour dans les bras d'une femme, ce qui me sauva sans doute de bien des problèmes psychologiques, sexuels et sans doute aussi du suicide.
De toute la noirceur de mon adolescence avec ces idées suicidaires, de mon attrait ensuite pour quantités de paradis artificiels, de mon rejet de toute forme d'assujettissement à un homme, je suis devenue une femme forte, libre, indépendante et sure d'elle!
Au fil de mon parcours, 26 ans déjà, j'ai grandi mais au fond de moi une jeune fille hurle toujours de douleur et d'incompréhension...
La mort de mon père y mettra t-elle un terme? J'avoue que je n'en suis pas sure...
Il m'a demandé pardon , il m'a dit qu'il ne savait pas que j'en souffrait encore, il a honte bien sur, mais jamais il ne saura au fond ce qu'il a déclencher en moi, ce qu'il a gaché entre lui et moi... Une sorte d'inconscience impudente, qui me frappe et me tourmente encore de temps à autre.
Se questionne t-il parfois sur ce qu'il a provoqué? Fait-il lui même des liens avec ce passé douloureux  qu'il traine avec lui et dont il refuse toujours de parler... J'aimerais comprendre, j'aimerais savoir, soulager peut être ce passé d'un certain poids qui reste au dessus de ma famille comme une chape de plomb...
Le  silence reste là malgré tout, le secret d'un passé honteux...
L'inceste et la douleur qu'il engendre pour des générations...

Sam 14 mar 2009 4 commentaires
On ne peut réellement pardonner je crois...Tout au plus tenter de vivre du mieux possible avec.
Courage...vous n'êtes pas seule.
Peut être un jour devriez vous simplement faire lire ce texte à votre mère. Vous souffrez de ces non dits...Il vous faut avancer.
son.indecente - le 18/03/2009 à 10h09
merci mais non jamais je ne pourrais en parler à ma mère, c'est un sujet qui n'est pas envisageable...
avancer je l'ai fait et même si cette histoire reste ancrée en moi, elle est néanmoins loin de moi...
merci de votre intérêt
mystérieuse inconnue
Je te comprends si bien....moi j'avais 9 ans.....
Satheen - le 24/03/2009 à 22h48
malheureusement au fil des années je me suis aperçue qu'il y avait beaucoup de personnes (filles ou garçons) incestés... Heureusement beaucoup reprennent les rennes de leur vie!
mystérieuse inconnue
Mais c'est tellement dur de reprendre une vie quand elle s'est arrêtée...C'est vrai que sur le fait,pendant des années,on se sent si seule,qu'on pense être seule au monde mais en grandissant on comprend si vite qu'il y a autant de monstre sur terre que d'être humain.Moi je suis détruite,cassée.Je ne peux oublier.Je sais que vous non plus,on ne pourra jamais.Comme si l'acte se répétait à chaque fois qu'on y repense...quelle haine ! C'est tellement pas humain...non ça ne l'est pas.Je vous mets dans mes favoris.A bientôt
Satheen - le 26/03/2009 à 07h34
merci beaucoup satheen!
oui la haine casse quelque chose en nous mais je crois profondément à la résilience...
je n'oublies pas, mais j'ai avancé, grandi.
je serais toujours une survivante, qui lutte pour que d'autres enfants ne subissent pas la même chose
à bientôt
mystérieuse inconnue
Le jour ou tu en parlera à ta mère, tout sera exorcisé... Et ce sera la fin de tout en toi. Tous ces sentiments, haine, violence, culpabilité, honte et douleurs s'évanouiront.
Il te faudrait trouver ce courage...
Peut être un jour...
Titia - le 27/03/2009 à 08h17
je ne crois pas... ma mère ne saura jamais, elle ne comprendra jamais...
ma mère est ce qu'elle est et je me suis construite aussi avec ça.
j'essaie de faire mieux quelle avec mes filles.
mystérieuse inconnue